OEUVRES (Liste)

ŒUVRES INSTRUMENTALES /


PIANO




FILMS PUBLICITAIRES

« Organza » de Givenchy                                   Lacoste eau de toilette  
2 films Maison du café                                       Philips le match line
3 films pour le Minisitère des Finances              Esso super oil
Tapis vert                                                           Le merzer
Pantashop                                                          3 Films Radio Nostalgie
Diner’s club international                                   3 films jeux Nathan
3 films Pentel                                                      Bref eau bleu
« Venez en auvergne »                                        3 films laroscorbine
3 films supradyne                                                        Europe 2
Phytomer                                                            Villes & villages fleuris
K par K                                                              Equilibrance
2 films jouets Berchet

FILMS PUB EN COLLABORATION

M. Garat / A. Guélis
Barbara                                                              Pyrénéens chocolats
NRJ                                                                    Thompson lave linge
Baie des anges                                                    Extranimals
Brandt BB40                                                      Renault chamade
Loto sportif                                                                  De dietrich
Brandt robot sécheur                                          Plein pot
Bicentenaire (real JP Goude TV)                            Planète golf              
Sup’herb

DOCUMENTAIRES & FILMS INSTITUTIONNELS /

Musiques pour le Parc Asterix :
-Notre Dame,
-la guerre de cent ans,
-La picardie,

« Ces bêtes dites sauvages » real.les films Michel François
« Offrandes de la mer » conception du Dr Catala (aquarium Noumea)
« paysages d’Auvergne » de Ch Bouchardy
« Pottocks en liberté » réal.Michel Laforèt
« Midi Pyrénées » real. Daniel Vigne
« Tourisme animalier » d’ Alain Bougraing Dubourg

 

Films Institutionnels :

Knorr
Grstion intégral
Cunenod
William Lawson’s
Sister informatique
GSM Ultracom
Aguas Argentinas
GTM Dumez
Aquassistance

huit films pour la Lyonnaise des Eaux


TERRE DE FEU (Peinture d'Alain Guelis)




- RÉFLEXION SUR LE RENOUVEAU EN MUSIQUE ET SUR LA MUSIQUE CONTEMPORAINE EN GÉNÉRAL -


Quelle est la notion de renouveau en musique tant recherchée par les courants musicaux actuels pour être dans la continuité de cette volonté chère à nos prédécesseurs et née surtout à la fin du XIXème siècle et du début du XXème ? c'est pourtant là un exercice bien difficile pour les compositeurs actuels que d'être vraiment nouveau, et on a tendance à leur demander expressément ; même s'il est toujours délicat pour un créateur de savoir se démarquer de ses prédécesseurs, la tâche si elle était ardue à la fin du XIXème siècle et au début du XXème comme à toutes les époques, l'était peut-être moins que de nos jour, car il faut remarquer que déjà certains modes harmoniques, à l'état brut, étaient nouveaux, (ils étaient auparavant déconseillés des traités d'harmonie) ils n'avaient jamais été usités et il suffisait pourtant de les jouer sur un piano pour déjà en tirer des harmonies nouvelles même si les choses ne se résument évidemment pas qu'a des procédés techniques et le renouveau est avant toute chose le résultat de génies musicaux de ce XX ème siècle qui ont su agencer merveilleusement ces nouvelles données de techniques musicales ; mais ces principaux modes harmoniques ou accords aux tonalités nouvelles étaient : la gamme par ton (Debussy), les accord de 9 ème, et de 9 ème de dominante, de 11 ème, la gamme dite vulgairement chinoise (touches noires du piano), la gamme pentatonique (d'Indy) utilisée largement plus tard par Messiaen, dont le traité de composition en enseigne les déclinaisons, le retour à des harmonies modales, absence de note sensible (Debussy Ravel) que l'on avait plus utilisé depuis quelques siècles combinées génialement à des harmonies plus complexes et de subtiles dissonances, donnaient une impression de renouveau, la musique polytonale, superposition de tons différents ce qui n'avait jamais été pratiqué jusqu'alors, les dissonances, Stravinsky, Prokofiev, le Groupe des six... et évidemment l'atonalité de Schoenberg, il faut rappeler que Liszt à été le premier à composer une bagatelle sans tonalité et également a été un précurseur dans les jeux d'eau de la Villa d'Este ou il à jeté un peu les prémices des tonalités de ce qu'on appelle le courant impressionniste de Debussy & Ravel, bien que, entre parenthèse, certains musicologues émettent des réserves à cet appellation qui établit une corrélation musique-peinture : Renoir, Monet, Sisley et Turner que l'on peut considérer comme le précurseur = Debussy, Ravel, Fauré (restant lui entre le post romantisme et l'impressionnisme) en musique même s'il faut noter un décalage d'une trentaine d'année entre les deux mouvements artistiques avec une nette avance chronologique chez les peintres.


Comme il y avait en quelques sortes des bonnes manières en musique, (un peu comme dans les moeurs ou il était beaucoup plus facile de choquer au XIX ème siècle que de nos jours), jusqu'au milieu du XIX ème, la musique était tout de même contraintes à certaines règles harmoniques, le fait juste d'y faire une entorse pouvait être ressenti comme un renouveau, comme lorsque Picasso a commencé à peindre des visages déformés. Enchainer deux accords de 9 ème de dominante d'un ton à au ton au dessous était à proscrire dans les traités d'harmonie, Debussy l'a fait, Ravel également et cela représente une des caractéristiques harmoniques que l'on retrouve chez ces deux immenses musiciens.


A l'aube du XXème, même si les musiciens d'avant garde subissaient l'ostracisme des écoles traditionnelles, l'émergence de ces nouveaux courants se faisaient ressentir de plus en plus.


La différence c'est qu'à cette époque précise, des techniques, des modes harmoniques des gammes nouvelles, pouvaient constituer à l'oreille à elles seules un genre nouveau, alors que dorénavant il est beaucoup plus difficile de trouver des techniques musicales qui représenteraient une nouveauté ; il est plus difficile de jouer une gamme sur un piano ou un accord et de dire qu'il sonne nouveau, car beaucoup de modes, de tons d'harmonies ont été et explorés et utilisés maintes et maintes fois, dans le jazz élaboré entres autres, mais il reste sommes toute toujours de belles musique à écrire en UT majeur.


C'est un peu la même chose dans le domaine du rythme, le jour ou Stravinsky à élaboré son Sacre du Printemps qui constitue une véritable révolution fondamentale de la musique en particulier du rythme et de l'orchestration ; il ne faut pas oublier toutefois un contemporain comme Varèse qui lui aussi avait fortement innové en la matière.


Toutefois Stravinsky a su plus garder un contact évident avec la musique populaire (russe), si la genèse de certains de ses motifs musicaux est presque enclin à un certain prosaïsme volontaire lié à ses inspirations du folklore de la Russie païenne, lié au thème du Ballet, ce qui a fait dire cette phrase pleine d'humour de Debussy : « c'est de la musique primitive avec tout le confort moderne » mais ce « prosaïsme » est complètement retravaillé dans un prisme tonal, et même si le sacre est continuellement constitué de changements de rythmes, ces rythmes sont en fait des micro-séquences à pulsations régulières, il a su conserver l'essentiel de la pulsation qui est élémentaire: notre coeur bat régulièrement, ou presque, s'accélère ou ralenti selon nos émotions mais reste régulier au final, notre vie également est réglée avec des horaires des habitudes, et cela constitue des repères qui sont des points d'équilibre dans notre vie, je pense que c'est une notion importante en musique, la notion de thèmes de rythmes récurrents qui permettent à un public d' y retrouver des repères instinctifs; peut-être que tout un courant contemporain qui a pris naissance à travers l'école viennoise et en particulier Anton Webern, emprunt à un prosélytisme peut-être un peu trop fort au dogme de ce courant musical, à négligé cette notion élémentaire de repères rythmiques.


Une musique qui présenterait trop de mutations rythmiques sans durée suffisantes pour créer une pulsation et qui en plus est dénuée de suite harmoniques et thématiques risque de perturber l'auditeur de base.


Je crois personnellement au contraire à l'action salutaire, régénérante et porteuse de l'élément thématique musical quand il est original évidemment, ou de l'événement musical qui a un pouvoir d'impression mémoriel sur l'auditeur, je crois au postulat des parallèles : tonalité, harmonie, rythme = sentiments, on ne peut pas nier que tel ou tel oeuvre engendre la tristesse ou la joie la jubilation, l'inquiétude, l'envoutement, l'espoir etc...que l'on le veuille ou non de nombreuses oeuvres contemporaines gravitaient essentiellement jusqu'à un passé récent autour de l'atonalité qui engendre en général toujours les même sentiments dramatiques, sombres, inquiétants, qui peuvent parfaitement être un des aspects des sentiments exprimés dans la musique, mais pas le seul, même si cela peut paraître simpliste pour certains de le dire, le meilleur exemple est que lorsque, avec des oeuvres musicales existantes, l'on illustre un film qui est une histoire avec essentiellement des humains donc des sentiments humains, on utilise des oeuvres qui soulignent ces sentiments, ces actions, exemple dans “Shining” de Stanley Kubrick on a utilisé essentiellement des oeuvres de Ligeti, comme Lontano et également de Bartok musique pour cordes percussion et célesta et c'est bien que l'on a voulu exprimer ces sentiments dramatiques, inquiétants évoquant la folie.


Il est peut probable que l'on aurait pris l'hymne à la joie de la Neuvième de Beethoven ou l'ouverture des Noces de Figaro de Mozart, cette dernière pourrait en revanche parfaitement trouver sa place dans un autre contexte pour exprimer d'autres sentiments, sauf si on avait voulu créer dans ce contexte là une opposition totale musique - situation ce qui donnera alors une couleur fort différente. Si dans le cas de “Shining” c'était tout à fait le but recherché c'est très bien mais la musique c'est aussi tous les sentiments de la vie et peut-on imaginer qu'il ne soit plus possible de rire, d'être gai, triste, d'espérer ou de pleurer?


La notion de thème est également essentielle, Beethoven serait -il lui même sans sa 5ème Symphonie, le II de la 7ème, Mozart sans le 1er mouvt de la 25ème & la 40ème ou l'adagio du son concerto 23 ème et tant d'autres, Brahms sans la 3ème la 4ème, Schubert sans son célèbre trio ou sa sérénade, Ravel le Boléro ou la Pavane et les concertos, Debussy sans le prélude à l'après midi d'un faune, Rachmaninoff sans le concerto n°2, Prokofiev Roméo & Juliette etc... et Chopin dont le génie n'est fait que de cela.


Concernant la notion de tonalité, je ne partage pas l'opinion de certains compositeurs contemporains dont par exemple Magnus Lindberg que j'admire beaucoup pourtant, chef de file de la féconde et avant gardiste école Finlandaise, mais qui affirme sauf erreur de ma part que le chapitre de la tonalité étant définitivement clos (rien n'est moins certain!)


Les compositeurs qui se sont privés de tonalité et de modulations (“les pauvres”) doivent arriver à donner un rôle important à chaque note indépendamment entre elles Ce qui les a poussé aux recherches multi-timbrales, ce qui est positif, mais c'est à mon avis tout de même une contradiction puisque c'est justement l'essence même de la musique que chaque note ait une attirance naturelle dans un moment donné pour l'une ou l'autre d'entre elles...ou tout au moins la meilleur attirance à ce moment donné, car en musique il existe de quantité innombrables de développer un même thème.


Le principe de l'écriture dodécaphonique est qu'aucune note ne doit avoir de quelconque attirance pour une autre en particulier, pourrait on imaginer que des êtres humains n'est pas plus ou moins d'attirance pour un autre du sexe opposé (ou du même) et que n'importe qui se marierait avec n'importe qui d'autre ? quelques soient leurs vêtements pour faire un parallèle avec les timbres en musique, que l'on appelle parfois l'habillage musical.


On arrivait dans les dernières décennies et encore actuellement chez certaines hautes instances à une espèce d'autocensure et d'interdiction de la mélodie et de la tonalité qui fait que l'on voyait des musiciens frémir à l'idée seule de voir une armature à la clef d'une partition, et d'interdire toute forme thématique ou harmonique comme on interdisait certains intervalles au Moyen Age notamment la quarte augmentée ou quinte diminuée baptisée “Diabolicus” parce qu'il évoquait à l'oreille des sentiments contraires au Christianisme. La liberté reste pour moi la notion essentielle de fécondité dans l'art.


Le renouveau ont peut le trouver dans la musique électronique, ce n'est pas moi qui en serait un détracteur, mais il y a un phénomène d'accoutumance sonore qui transforme vite le nouveau d'hier en normal et non surprenant pour l'oreille aujourd'hui et le fait que l'on soit littéralement gavés de sons nouveaux par les médias finit par ne plus surprendre l'auditeur. Au compositeur donc de discerner les timbres qui s'apparentent trop à des modes d'inspiration commerciale, et à ceux vraiment originaux et qui resteront dans le temps. Des groupes Pop rock électro comme Depeche Mode ont remarquablement su être inventifs sur ce plan en dehors de la richesse de leurs mélodies et de leurs rythmes. Leurs sons ont su garder souvent au fil du temps cet aspect novateur comme à leurs débuts.


Je pense que les instruments électroniques sont un apport essentiel comme nouveaux timbres à rajouter à l'orchestre, comme jadis, le goût pour l'exotisme, gong, TamTam, crotales, jeux de timbres, et plus tard certains instruments particulier comme l'éoliphone,(machine à faire le son du vent) ou le fouet chez Ravel (concerto en sol) même la machine à écrire chez Satie (Parade), l'onde Martenot chez Messiaen, Landowski, même si les instruments électroniques constituent à eux seules une multitudes de sons différents et représentent infiniment plus que ceux cités à l'instant puisqu'ils sont totalement multiformes par les principes technologiques évolutifs même des synthétiseurs.


Cela doit être un grand plus, mais pas l'essentiel, c'est comme les piments et les arômes en cuisine, à dose calculée c'est merveilleux, et c'est une fenêtre vers de nouveaux horizons culinaires, à outrance cela devient l'indigestion. Debussy par une métaphore, reprochait à certains musiciens de ne s'occuper plus du cadre que du contenu du tableau lui même, c'est un peu symptomatique de la manière de penser de nombreux musiciens actuels. Des compositeurs comme John Adams ont souvent intégrés des synthétiseurs dans leur orchestre.


Le seul problème est que les structures des orchestres symphoniques n'incluent pas du tout aussi facilement pour le moment, des instruments électroniques que les percussions et autres instruments divers cités plus haut, ça n'est pas rentré dans les moeurs.


La notion de renouveau à été un souci assez caractéristique de l'aube du XX ème siècle, beaucoup plus que dans l'histoire passée de la musique. Pourquoi ne pas imaginer que cela ne puisse pas forcément être le cas pour tous les compositeurs de nos jours ?...le renouveau peut parfois venir de lui même, naturellement, sans être vraiment une volonté, c'est ce qui s'est en fait passé depuis J S Bach juqu'à la fin du romantisme.


Il n'y a pas eu d'autres siècles que du XIX ème au XX ème ou il y eu une telle cassure, si on avait fait entendre du Chopin ou du Schubert ou même du Wagner à des auditeurs du XVIII ème siècle, il n'aurait sans doute pas été choqués, juste attentifs à quelque chose de différent, cette hypothèse aurait pu s'appliquer d'un siècle à l'autre pour les époques précédentes, alors qu'il aurait impensable que des auditeurs du XIX ème siècle puissent écouter le Sacre du Printemps de Stravinsky et même du Debussy, cela prouve bien le changement considérable survenu. Cela peut vouloir dire aussi que ce genre de mutation n'est pas obligé de s'opérer à chaque siècle et que l'on peut rester, pendant quelques temps sur des évolutions plus modérées, sans pour autant qu'il n'y ait pas d'oeuvres originales ou intéressantes.


Et puis il y des quantités de compositeurs qui n'ont pas été des novateurs et qui sont pourtant d'immenses génies au même titre que ceux qui ont été des novateurs: Ravel, pour qui j'ai une grande passion, n'était pas véritablement un précurseur mais s'acheminait déjà plutôt vers un certain néo-classicisme, alors que Debussy fut vraiment le précurseur de ce courant qui les lie tout les deux ; Richard Strauss était un prototype du néo Romantisme, et Rachmaninov parfois boudé à tort, encore plus, alors qu'ils étaient contemporains d'un Varèse ou d'un Webern qui eux étaient des “avant-gardistes” aux antipodes de leurs confrères. On ne se posera plus la question dans deux ou trois siècles de savoir si Rachmaninov était un compositeur de son temps, on dira que c'était un grand, point ; de toute manière on le dit déjà depuis longtemps mais avec une certaine réticence chez certains. Je pense que l'on ne peut dissocier le phénomène de renouveau en musique au cours des siècles, à celui d'opposition et de réaction aux siècles qui les précèdent, comme en littérature ou en peinture et même dans les moeurs ce la vie.


En écartant tout espèce de manichéisme on peut penser que le XVIII ème siècle est plutôt souvent un peu plus tourné vers une musique à tendances et à thèmes optimistes, chez Mozart les opéras, noces de Figaro, Don Giovanni, par ex “cosi fan tutte” qui traite des moeurs légères des femmes par ex, comparé à Wagner Tétralogie, le livret du Vaisseau fantôme par ex.(« Senta qui, se jetant dans l'océan, lève la malédiction du hollandais condamné à errer sur les océans sur son navire jusqu'à ce que la fidélité d'une femme le délivre »). Wagner brise alors les formes anciennes de l'opéra récitatifs (langage chanté très proche du langage parlé et accompagné très légèrement) sont abandonnés et remplacés par la déclamation chantée beaucoup plus dramatique. Mais ceci n'est qu'une tendance, car évidemment, combien de merveilleux thèmes de Mozart pour orchestre sont emprunts de tristesse et de nostalgie : symphonie en sol mineur n° 40, Requiem, II du concerto n° 23 pour piano ou encore concerto pour clarinette ;

De même chez les écrivains si l'on compare Beaumarchais, (mariage de Figaro, Barbier de Séville) et Voltaire du XVIII ème à Musset ou Baudelaire du XIX ème ou réalisme et moeurs de la vie courantes des premiers s'opposent tout de même souvent au pessimisme des sentiments exacerbés, du rêve voir de l'extase chez les seconds, ou du mysticisme pour Flaubert dans “la passion de St Antoine” par exemple.


En Peinture également ou on peut opposer un Watteau et son art de peindre des scènes de comédies “fêtes galantes” à Delacroix (“Dante et Virgile aux enfers” ou “la liberté guidant le peuple”) ou même Goya à cheval entre deux siècles appartient plutôt au romantisme ; même si déjà le thème du ciel et de l'enfer en peinture n'avait jamais été si bien mis en peinture que par Jérôme Bosch, mais également Bruegel ou Thierry Bouts ; à l'époque en occident la musique était elle presqu'entièrement liée au contexte religieux, sauf pour la musique purement populaire, ce qui montre l'aspect cyclique de l'évolution des arts dans le temps.


De même que le XVIII ème siècle à voulu rompre avec les influences plus religieuses et spirituelles des siècles précédents, le XX ème à voulu rompre avec le romantisme (qui avait lui même voulu rompre avec une certaine « légèreté » du XVIII ème) par, en musique, l'apologie du modernisme, de la technologie, et souvent un lien avec les événements politiques et historiques dramatiques mais aussi du goût prononcé pour l'insolite comme un prisme de l'art qui l'a précédé: déformation du langage tonal, polytonalité, gammes exotiques, atonalité, en parallèle avec cubisme en peinture, Picasso, Braque, art abstrait, Kandinsky, Tanguy, et surréalisme : Ernst, Magritte, Dali, Delvaux, plus tard Francis Bacon, Breton pour la littérature en parallèle avec les aspects insolites et incongru d'un Satie en musique, même si toutefois c'est souvent les titres des oeuvres de Satie et le personnage lui même qui présentent plus un caractère saugrenu que les oeuvres souvent nostalgiques et très sensibles ; rythmes répétitifs évoquant la technologie moderne et le motorisme (Honegger “Pacific”) équivalent Fernand Léger en peinture, les guerres: Prokofiev sonates de guerre 7,8,9, symphonies, le rêve dans “l'enfant et les sortilèges” de M.Ravel et l'outrance génial de son “Boléro” unique dans l'histoire de la musique, les thèmes des rites païens chez Stravinski, ou l'expression du drame du régime soviétique chez Chostakovitch ainsi que l'évocation des guerres et révolutions successives. Autant d'oeuvres qui tendent vers une réaction à la musique traditionnelle du XIXème siècle, même si paradoxalement, la notion de passéisme et de diversité n'à jamais été aussi marquante qu'au XX ème siècle : néo-romantisme chez R.Strauss, Sibelius, néo classicisme antique chez Ravel qui dit lui même qu'il voulu évoquer dans Daphnis plus que la grèce Antique réelle, la vision de la Grèce Antique par les peintres du XVIII ème, néo-romantisme ou romantisme à part entière chez Rachmaninov, Poulenc et son néo classicisme et romantisme teinté d' aimables dissonnances, même Stravinsky dans Oedipe Rex ou sa Symphonie en UT, Influence du Jazz (ravel concerto en sol, Stravinsky ragtime, etc.. Chostakovitch)


Enfin goût pour l'exotisme, la nature (chant d'oiseaux) et la spiritualité prédominante (petites liturgies, 20 regards enfant Jésus etc...), chez Messiaen par exemple. la Deuxième partie du XX ème Siècle s'est orientée, elle, beaucoup plus vers les recherches en matière de timbre, aussi bien avec les instruments traditionnels de l'orchestre et des acquisitions nouvelles et remarquables de la manière de jouer ceux ci et des sonorités qui en découlent: Xenakis, Penderecki, Ligeti, Cage, même si un Dutilleux reste plus dans une certaine tradition de musique Française, que vers l'électronique, Stockausen, Schaeffer, P.Henry etc... et je crois que c'est ce qu'on en retiendra le plus pour le futur, même s'il faut souligner l'apparition des mouvements de musiques américaines dites “minimalistes” Phil. Glass, J.Adams & St. Reich, qui tendent à prouver qu'un retour à une certaine simplicité tonale peut créer aussi un sentiment, si ce n'est de renouveau, au moins d'originalité nouvelle souvent géniale ; dans ce cas précis c'est justement par le retour vers une présence tonale plus forte et constante, presque systématique de cette musique, sans modulation fréquente plus que même comparé à la musique du XIX ème siècle ou la tonalité est finalement beaucoup plus volatile par le biais du chromatisme, et c'est justement par le contraste avec tant d'oeuvres entendues au XX ème siècle sans tonalité et sans durées rythmiques, que cette musique Américaine crée un sentiment de nouveauté, paradoxalement pour schématiser, à la base nouveau = plus sophistiqué plus complexe, et en fait nouveau dans ce cas = plus simple après du très complexe déjà beaucoup entendu.


Ce qui prouve bien qu'il y a toujours un phénomène d'interaction entre les différentes époques et mouvements qui peuvent tendre, comme dans toutes les modes, aussi bien à un avant-gardisme parfois excessif qu' au contraire à un passéisme évident qui paradoxalement mélangé à certains ingrédients musicaux peut parfois faire figure de renouveau.


Il ne faut pas oublier que la musique est un discours, comme disait très justement mon maître Tony Aubin, Compositeur et Professeur émérite au CNSM parallèlement à Olivier Messiaen et à l'École Normale Supérieure de Musique de Paris, même s'il ne faut pas tomber avec excès dans l'image d'épinal considéré par certains comme un postulat, que de dire : “un accord mineur est plutôt triste, un accord Majeur plutôt optimiste,7ème diminuée tourmenté, la gamme chinoise plutôt radieux, la polytonalité bizarre, et l'atonalité étrange et évoquant un sentiment de dépression, il ya quand même une certaine vérité à cela, les profonds accords du 2 ème concertos de Rachmaninov sont le reflet ni plus ni moins de 5 ans de dépression (mélancolie comme on l'appelait à l'époque) et expriment la profonde tristesse d'un homme; si on s'amuse à illustrer au cinéma un dîner familial avec une oeuvre de Schöenberg ou de Xénakis, il est évident que l'on imagine plutôt un drame en perspective, si au contraire on illustre un drame avec du Offenbach, ce dernier tournera à la bouffonnerie ou a une complaisance face à la violence. Même si parfois on peut arriver à l'effet contraire, ce qui est parfois très payant au cinéma, cela générera toujours des impressions différentes selon les cas. Ce sont à mon avis des sentiments incontournables et la musique n'est rien d'autre que l'expression sonore de sentiments, sensations, images qui nous traversent et que nous essayons tant bien que mal de coucher sur le papier à musique. Vouloir limiter la musique à un seul style, un seul type de ces sentiments, par le biais d'une école de pensée est une erreur qui conduit à la lassitude de l'auditeur qui recherche malgré tout, toujours une part de plaisir dans la musique et va alors se tourner inéluctablement vers la musique dite populaire et de mode ou il trouvera cette notion de plaisir.


Et il y a toujours des phénomènes cycliques en art, car nous avons vécu, comme le pensait Malraux, sur environ un demi millénaire d'art profane contre des milliers d'années d'art religieux en partant des Egyptiens vers l'après Renaissance. Même si les Egyptiens eux mêmes ont vécu des Schismes de l'art comme avec Aménophis IV baptisé “Akhénaton” Pharaon considéré par ses contemporains comme un hérétique puisqu'il avait instauré une véritable révolution religieuse en prônant la disparition d'une religion polythéiste pour un dogme monothéiste à la fureur des prêtres qui avaient leur place très réduite dans ce nouveau dogme et une mutation très nette de l'art pour faire place à l'art dit “Amarnien”. Et même si il était banni de ses successeurs, certains adroits pharaons comme notamment Ramsès II le plus célèbre d'entre eux, avait su en récupérer de manière insidieuse de nombreux éléments sans laisser transparaître pour autant leur concepteur initial ayant régné cinquante années auparavant et en le condamnant toujours.


Je suis extrêmement attentif également à propos de la volatilité du pouvoir d'appréciation artistique notamment musicale de l'être humain, à savoir également l'habitude auditive qui est l'ennemi de l'objectivité : une oeuvre plaira à une époque de la vie et plaira moins après, mais qui a raison celui d'avant ou celui d'aujourd'hui ? plus on étudie une oeuvre qui peut plaire moins qu'une autre dans un abord plus immédiat, plus on découvre des qualités peu perçues au départ, plus on remet en question des critiques initiales, et peut-être que la première oeuvre paraîtra fade après l'habitude auditive de la seconde, mais l'habitude ne tue t-elle pas justement l'objectivité, et justement ne portera t-on pas un jugement erroné sur la seconde oeuvre que sur la première au risque de se perdre dans les plaisirs de l'étude microscopique auditive au détriment de la globalité, de l'essentiel.


Il y a le même problème pour la création musicale elle même, à savoir le moment de la trouvaille d'un événement musical souvent par l'improvisation qui est un moment exaltant parfois jubilatoire si l'événement paraît bon, mais l'habitude auditive relative au travail intense par la suite sur cet événement, l'écriture, l'orchestration de celui ci générant des répétitions incessantes, finissent par le rendre banal à l'oreille du créateur, par ternir « le coup de foudre » éventuel du premier instant et semer le doute sur la qualité de cet événement musical jusqu'à parfois à le rejeter, arrivant ainsi aux antipodes du premier instant, alors qu'un autre motif qui retenait moins l'attention finit par prendre le dessus en supportant mieux le rabâchage du au travail que le précédent, et paraît plus intéressant, mais en réalité le quel des deux est bon ? est ce que pour le premier l'oreille du compositeur lui même n'est elle pas devenue non objective et plus à même de porter un jugement pertinent sur la trouvaille musicale uniquement par l'usure auditive du travail qui a tué la spontanéité de l'appréciation ? et pour le second n'est il pas vraiment plus fade et que de ce fait, il supporte mieux l'habitude auditive du travail qui ne fait que l'embellir artificiellement, pour le rendre faussement meilleur a l'oreille du compositeur ; mais peut être qu'aucun des deux n'est bon et qu'il faut les jeter à la corbeilles… bref voilà le genre de difficultés auxquels je suis confronté constamment en tant que compositeur, la difficulté du choix ; dans ce cas le mieux est de laisser écouler un peu de temps pour réécouter les éléments avec une oreille plus neuve, et là on sait s'il faut les jeter véritablement à la corbeille ou non ; mais combien d'évènements musicaux ais je abandonné après les avoir trouvé intéressant au départ et plus par la suite pour avoir trop travaillé dessus…peut être avais je tort ?...


De manière plus simple, une femme n'est pas belle parceque l'on aura examiné à la loupe le grain de sa peau qui semble parfait, décrétant ainsi à tort, qu'elle est plus belle que tel autre qui a quelques irrégularités épidermiques mais qui en fait est beaucoup plus séduisante.


La musique contemporaine ne risque t-elle pas, tellement elle est peu populaire, tellement elle survie en vase clos, de paraître comme une momie encore un peu vivante tenue à coup de perfusions-subventions d'état, dont les docteurs et les infirmiers ne seraient plus qu'une poignée infimes d'adeptes en dehors des réalités, inconditionnels et fanatiques chargés de la tenir à bout de bras comme une déesse au culte incompris, devant l'indifférence générale du public qui préfère se laisser séduire par les sous-produits de marketing du gigantesque supermarché de la musique qu'est le monde musical actuel avec ses rayons sucreries américaines, rap et autres techno bien qu'il y ait de très bonnes choses dans ce domaine mais pas pour la majorité, ne trouvant pas dans cette musique dite contemporaine qui se voudrait la continuité de la musique classique, mais qui n'en aurait que les tics, l'équivalent d'un Beethoven, d'un Chopin ou d'un Ravel et de tant d'autres, qui eux étaient et sont finalement très populaires comme, d'une certaine façon, peuvent l'être certaines rock stars.


Certains disent que la musique dite classique qui en fait regroupe pour schématiser : la musique liturgique du moyen âge et de la renaissance (arts antiqua, arts nova) la musique baroque XVIIème, la période classique XVIIIème, romantique XIXème, « impressionniste », moderne et contemporaine, XXème et XXIème, est une musique qui n'a toujours touché qu'une élite sociale et intellectuelle ; les cours des rois et empereurs, la bourgeoisie etc…c'est à dire un pourcentage infime de la population et que de nos jours c'est un peu pareil, mais la différence fondamentale c'est qu'à ces époques, le phénomène musical autre que la musique dite »classique »ou de concert, c'est à dire les musiques populaires, ne représentait que des événements minimes donc une très petite place: musiques folkloriques, festives, donc la musique classique si elle ne touchait qu'une infime couche de la société, représentait à elle seul 95% de l'importance du phénomène musical lui même, voir plus ; alors que de nos jours la musique classique orchestrale n'occupe que peut être 5% voir un peu plus (ou moins ?!) et la musique dite contemporaine certainement pas plus de 1% de la place qu'occupe les autres formes de musique : Pop, rock, électro, techno, soul, reggae, variétés toutes confondues, jazz, new-age et musiques de film etc… J'entends par place occupée : intérêt porté à ces oeuvres, diffusion radio TV (et horaires de diffusion TV), nombre de spectateurs dans les concerts, vente de disques, connaissance des musiciens et finalement implication de cette musique dans le tissu sociale, dans l'infrastructure même des habitudes de la vie moderne.


Irons nous alors vers une société ou la musique ne sera plus qu'un élément festif téléchargeable et distractif lié essentiellement à la détente du samedi soir, ou à accompagner un mac Donald, même s'il faut de cela aussi, mais pas que de cela, même s'il restera toujours heureusement quelques auteurs compositeurs et groupes rock de grand talent et de belles musiques de films, mais peu, et le phénomène de l'argent, de la rentabilité dans la production musicale, risque de prendre de plus en plus le dessus sur tout autre considération et risque de s'immiscer de plus en plus et notamment dans la formation même musicale des jeunes, dans le moule de leur apprentissage de la musique ce qui faussera toute notion de « vrai art ».


Tout ces phénomènes sont malheureusement fort probables car n'oublions pas que l'humanité a vécu parfaitement bien pendant des millénaires c'est à dire du début de l'humanité jusqu'à la fin du moyen âge avec une musique qui était liée essentiellement à ce niveau d'utilisation festive (sauf pour la musique liée avec la religion) qui n'était d'ailleurs pas écrite comme c'est le cas pour l'essentiel du répertoire de la variété actuelle ce qui est un signe de retour à ce concept; on pourrait dire que les paroles s'envolent mais que seuls les écrits restent, comme les écrits de la musique contemporaines sont incompréhensibles pour beaucoup, tout risque de s'envoler définitivement.


Alain GUÉLIS, Compositeur.

Ecrits et textes poetiques



         Clair Obscur

Dans la forêt mystique,
Evoluent des lumières magiques,
Elles créent des reflets étranges,
Qu’illuminent la pensée des anges.

Ce sont des clairs obscurs,
A la fois rassurants et impurs,
Ils sont les ténèbres et la clarté,
Le reflet des âmes écorchées,

De ces artistes au mal de vivre,
Dont l’âme ardente à la dérive,
Cherche un bonheur illusoire,
Tel un malade sans espoir.


Nuées (d'Alain Guelis)





LA MER ETERNELLE

Dans les abîmes des cieux noirs,
Au royaume du Dieu Hadès,
Scintillent les yeux hagards,
Des âmes aux pensées vengeresses.

Des grondements sourds se font entendre,
Les damnés gémissent dans leurs cendres,
La lame sans pitié du péché tranche,
Coulent les larmes des pêcheurs qui tremblent.

C’est le monde du souffre et de la peur,
Qui vide toutes les âmes de leur sueur,
C’est le monde ou le feu  et le sang,
S’unissent dans le gouffre du néant.

Mais parfois une lueur aux reflets bleus,
Bouscule la certitude implacable du feu,
Et laisse entrevoir, un furtif espoir,
D’une remontée hors de ces lieux blafards.

J’espère  que l’âme de celle par qui je vis,
Entendra la complainte de ceux qui prient,
J’espère que celle de qui je viens,
Portera l’unique espoir en son sein.

J’espère que mes larmes nourriront
Le sol riche et fertile de sa résurrection,
J’espère que tu vaincras les sortilèges,
Des âmes brisées par la force de ton glaive.

De la tu es, ma mère, j’espère de toi un signe,
J’espère que tu peindras le ciel et l’océan de Dieu,
Que tu danseras dans les étoiles comme un cygne,
Et que tu seras la mer éternelle de mes cieux.


MAELSTRÖM (Françoise Guélis)





Frémissements, vibrations terrifiantes,
Troublent l’onde rougeoyante,
Nuits de sang, nuits glacées,
Steppes atomiques, orients déchirés.

Vents aliénés, tyrans scélérats,
Vendront cher nos biles,
Mais ne braderons pas notre bible,
Orgueil ! jamais tu ne triompheras.

Gouffres de passions hallucinées,
Corps et âmes putréfiés,
C’est le ciel électrique qui tonne,
C’est le carillon des morts qui sonne.

Ainsi est le Maelström,

Violentes tourmentes de feu,
Qui illuminent la raison de Dieu,
Nous obligent à voir clair,
A l’aube de nos suaires.



Décomposition

Il y a quelque chose qui se décompose en moi,
Comme le vers blanc qui ronge le bois,
Comme dans la voie lactée, une triste lune,
Qui lassée de l’univers, éclaire le bitume.

C’est le soleil noir de la mort,
Qui éclaire le jardin du cimetière,
C’est la peste d’Asie qui naît dans le port,
Que les voiles des navires habillent comme un suaire.

La lenteur et la fixité s’installent, le regard est dans le vide,
Cherchant les souvenirs, scrutant la genèse, l’immobilisme est roi,
C’est quelque chose qui creuse un peu plus chaque ride,
Comme le vers blanc de tout à l’heure qui dévore le bois,
Comme ces faux vers qui rongent cette feuille insipide ;

Mais au fait, le verre blanc qui casse, cela ne porte t-il pas bonheur ?!

DERRIERE LES MEUBLES

Derrière les meubles, il y a souvent des choses oubliées,
Des objets tombés, un papier, un gant, un crayon,
Tout ce qu’on a toujours eu la paresse d’enlever,
Ce qui nous encombre et que l’on veut effacer, au fond.

C’est comme tout ce que l’on ne veut pas voir,
Le mal qu’on a pu faire, sans vraiment le savoir,
Tout ce que l’on a enfoui dans notre conscience,
Tout ce que l’on a gommé à notre convenance,
Les erreurs commises, les choses desquelles on est passé à côté,
La crainte de la souffrance, la peur de la mort, passage obligé.

Pourtant elle viendra de derrière le lit, comme un cauchemar,
Mais en attendant, la peur elle nous l’aura bien donné toute notre vie,
Quoi que l’on fasse pour l’éviter, elle surgira brusquement tôt ou tard,
Sans jamais prévenir, comme une procédure infernale, sans préavis.



La Maladie et la Mort

Quand le corps à finit son temps et que sa fin sonne le glas,
Lorsque, vêtue de noir, la grande faucheuse arrive à grands pas,
Quand l’œil se referme mollement sur les larmes de douleur,
Comme le regard de la biche qui clos l’image de l’odieux chasseur.

Alors la chrysalide devient papillon,
Après l’orage se dissipe et dégage l’horizon,
La mort est la récompense de la maladie,
C’est la maladie qui meurt et le mort qui vit.

Chut ! a dit Dieu à l’enfant qui va naître, ne dit pas ce que tu as vu,
Chut ! a dit Dieu à celui qui part, oublie ce que tu as vécu.

Le Bal Masqué

Dans la forêt mystérieuse, pas à pas j’avançais,
Troncs décharnés et géants feuillus me scrutaient,
Je croisais le regard bienveillant de la lune,
Qui dévisageait mon ombre, tache perdue dans la brume.

Lorsque se présenta à mon regard une étrange demeure,
Faisant suinter en moi les prémices glacés de la peur,
Mais, attiré comme l’éphémère vers la lumière mortelle,
Je franchis malgré tout la porte imposante du destin rebelle.

Je découvrais alors un majestueux salon noyé dans ses toiles,
Œuvres d’araignées immortelles et de peintres enflammés,
D’un passé figé à jamais dans ses voiles,
Que ma curiosité arrachait au sommeil de l’éternité.

Alors, peu à peu, se manifesta une vapeur indéfinissable,
Murmurant les ébauches blanchâtres de formes humaines,
Fantômes à perruques poudrées d’une dimension infranchissable,
Toute compréhension et explication eut été vaine !

Ils semblaient boire le temps, fumer l’espace,
Mon corps était irradié d’une perfusion de lumière,
Fusion des sens, respirer la matière, chaleurs de glace,
Vertiges enivrants de l’esprit ou descente aux enfers ?

Alors ces formes translucides s’animaient lentement,
Des fantômes poudrés exécutaient un menuet,
Sur une musique baroque des sphères,
Dont le scintillement sonore me parvenait,
Comme l’écho d’une vision résonante,
C’était un étrange bal dont les masques étaient des suaires;

Ne serait ce pas quelques noces de sang ?
Les vampires n’ont-ils pas l’immortalité ?
Ou plutôt des notables de premier rang,
Dont l’âme rebelle n’a pas été libérée.

Soudain apparut une étrange et somptueuse femme voilée,
Elle semblait susciter la fiévreuse convoitise des ses prétendants,
Une intrigue sentimentale d’esprits aveugles à la matière et au temps,
Semblaient poursuivre à travers les âges, son triste cheminement.

Quelle autre motivation pour ces spectres, que le désir de la chair,
En chevauchant le temps, les poussait à oublier leur suaires ?
La belle inconnue exécuta une danse lente et aérée,
Rejetant tour à tour ses prétendants exaltés,

Les choisissant tous, sans en retenir aucun.

Alors, quelque chose de grave semblait soudain se dessiner sur leurs visages,
Comme s’ils étaient soudain conscients que leurs vies n’étaient qu’un reflet,
Que leur réalité n’était qu’un souvenir, comme la sève de l’arbre tranché,
Dont le tronc continue à vivre indéfiniment tout à son image,
Comme l’étrange sensation que la jambe invisible de l’amputé,
N’existant plus, lui tordant pourtant encore de douleur le visage.

Peu à peu la fête et ses convives s’estompaient,
Les voiles des veuves noires se substituaient aux acteurs,
Comme les rideaux voluptueux du théâtre qui tombaient,
Lorsque le héros, déclamant ses derniers mots, nous arrachait le cœur.

Par delà des siècles de fureur et de haine,
Ces personnages m’honoraient-ils par cette dernière danse,
Avant de fondre à nouveau dans la mémoire lointaine,
De ces fêtes fastueuses d’une cour baignée dans la peine.

D’une cour décapitée, pleurant ses souvenirs des larmes de son sang.

Soudain le carillon sonne !
Comme la réalité qui cogne,
Est-ce de la main d’un moine fantomatique et éthéré ?
Qui sonne depuis des siècles les cloches d’une chapelle désertée ?

Je quittais les lieux, m’enfonçant dans les entrailles de la forêt bleue,

Fusillé des mêmes regards hébétés de la faune et de la lune de feu.

 

        CANCER RACOLEUR

L’autre soir un inconnu vêtu de noir,
Est venu sans prévenir, frapper à ma porte ;
Il avait l’air sombre et le visage blafard,
Et dans sa tête de noirs desseins qui lui trottent.

Il m’a présenté sa carte de visite,
Son nom est cancer, son prénom métastase,
Poumon est la cité ou il habite,
Ville verte non loin du Caucase.

Il m’a dit qu’il était à la rue,
Comme un clochard affamé,
Qu’il faudrait l’aider si j’avais pu,
Enfin bref, lui donner l’hospitalité.

Il m’a  appris que son cousin germain,
Qui habite souvent la petite ville de Foix,
Région de la bonne chair et du bon vin,
Viendrait aussi s’installer chez moi.

Mais le médecin du troisième,
Est venu avant qu’il ne soit trop tard,
Pour me prévenir du dilemme,
Qui me guettait de part en part.

D’un coup de scalpel affirmé,
Il a tranché la gorge de l’imposteur,
Qui, pris de cours, s’est effondré,
Ne pensant pas à la venue de son heure.

Le médecin sauveur vêtu de blanc,
M’a dit que je l’avais échappé belle,
Mais que si autre homme de ce clan,
Venait encore pour me chercher querelle,
Il serait toujours là pour m’aider,
Contre cette pourriture personnifiée.

 

SON PUBLIC A LUI

Son succès à lui est dans sa tête,
Son public à lui est imaginaire,
Il est en lui, comme des fleurs dans une serre,
Que le soleil d’hiver irradie les jours de fête.

Au fond de sa cave, il murmure,
Avec honte cette musique impure,
Son public à lui ce sont les vers et les fourmis,
Témoins minuscules de l’œuvre de sa vie.

Les foules qui l’ovationnent, il les peint,
Les cris du succès sont un sifflement dans ses oreilles,
Les critiques injustes et acerbes, il se fiche de leur venin,
Même les pires vipères n’en ont de pareil.

Ses larmes d’incompris forment cette fontaine de l’oubli,
Qui donnent vie aux tristes fleurs de sa serre,
Mais dans le trou, il serait enfin plus proche de ce public infini,
Ce public minuscule, que sont les bêtes de la terre.

 

Le Temple des Eaux

En Grèce, dominant la mer,
S’élève fièrement, tel un patriarche,
Un majestueux temple de pierre;
Son visage cisaillé par les âges,
Se reflète sur l’écume du temps
Ou nage la mémoire humaine,
Celle de Socrate ou de Platon,
Noyée dans l’histoire lointaine,
Une mémoire qui se meurt peu à peu,
Mais dont le dernier souffle, le dernier feu,
Est préservé ici, par ce temple dédié à Poseïdon.

 

REA

Mesdames et Messieurs,
Lady’s and Gentlemen,
Je ne suis ni mort ni en vie,
Seulement au bord de l’infini,
Dans un univers composé de tracés,
De bouteilles et de tubes glacés,
Ni couleurs, ni sol, ni ciel,
Lieu inconsistant et irréel,

C’est ici Réa.

Ici voici mon corps,
Ici voici mon « moi »
Là, les hommes de science penchés sur mon sort,
Derrière cette vitre, ma femme, mon fils, gardant la foi,

C’est ici Réa.

Là, ces bactéries qui m’attaquent,
Ici ces anticorps qui me protègent,
En fait des ennemis tous prêts à me jeter au lac,
Pour hypocrites, me suivre à mon dernier cortège.

Tout cet univers qui fait de moi,
Une entité détachée de tout,
D’un monde neutre sans foi ni loi,
Ma vie ne tenant qu’à mon pouls.

C’est ici Réa.

 

Vision Baroque

A travers le store métallique de ma chambre,
J’aperçois des formes indistinctes et troubles,
Silhouettes à coiffe, jarretières, clavecins et violes de gambe,
Des bouffées sonores du passé me parviennent à travers la foule.

Personnages du XVII ème évoluant dans un bal masqué ?
Ou illusions d’un esprit calfeutré dans l’extasie des sens,
Déchirement du temps, noyade de la voie lactée ?
Ou insomnie dans le XVII ème, un soir inondé d’essences.

L’effusion sonore me parvient comme la corne de brume,
Effrontée, bravant les lois pantelantes de la physique,
Mélodies cartésiennes, ornements moulurés et typiques,
Doigts bagués sur un clavecin fondu dans le bitume.

Comme un œil, voyageur de l’espace temporel,
Arraché à la figure de la pensée humaine,
Dont le sang, sève du temps, coule dans ses veines,
Mes sens voyagent à travers ce store à lamelles.

Architectures sonores passant par le père de la gamme,
A la vallée infinie et vertigineuse du soleil des rois,
Dont les mélodies n’ont pas fini de rendre l’âme,
Dépouilles de l’ouïe, baignées dans un berceau de soie.


LE CHEMIN (Françoise Guélis)

 

       LE CHEMIN (texte extrait de « Train de Nuit » Roman)

Cette nuit il dormait mal, il se tournait et se retournait inlassablement dans son lit,
Il était seul dans sa villa de la côte, sa femme était ailleurs.
Il se leva, il faisait une chaleur oppressante, il alla se baigner dans sa piscine,
Curieusement elle était éclairée, pourtant il était absolument certain de l’avoir éteinte, il sortit de l’eau, mais il était déjà sec, comme lorsque l’on trempe son doigt dans le mercure et qu’il ressort sans aucune trace d’humidité, même s’il faisait très chaud, c’était tout de même étonnant.
Il marcha dans son jardin, arpentant les allées éclairées bien tracées de manière rectiligne, ornées de jarres pour marquer les intersections ; il pensa à sa vie, à sa réussite, il était un personnage célèbre, très médiatique, et pourtant il avait un certain mal de vivre, il lui manquait quelque chose, il se demandait si au fond,
Il n’avait pas fait tout ce qu’il était censé faire ; n’était il pas au bout de son chemin ?
Il constata avec étonnement que ces fleurs dans le jardin, qui étaient pourtant fanées, il y a quelques jours à cause de la chaleur, étaient magnifiques maintenant,
« C’est une résurrection ! » pensa-t il en souriant…

Il va…il sort de chez lui…il marche d’un pas léger, il erre dans la ville, la ville fume, les bruits exultent, les enseignes lumineuse dansent au son des klaxons, il règne une profusion sonore et visuelle très dense.
Les clochards côtoient les limousines, les bars enfumés grouillent de noctambules
qui jouent leurs salaires aux cartes, les prostituées jouent leurs vies sur les trottoirs, puis peu à peu,  il perçoit  moins le brouhaha, le tumulte urbain et luminescent; il glisse maintenant comme sur un bitume mécanique, les visages passent, le croisent, comme des ombres sans visages, les corps se suivent anonymes comme des automates dupliqués, personne ne le regarde, nul ne le reconnait, lui…pourtant célèbre, il est subitement anonyme.

Il est maintenant dans le métro aérien, le tonnerre gronde, mais il n’en voit que les éclairs, comme une colère étouffée, comme celle des opprimés qui ne peuvent pas exprimer leurs haine envers leurs bourreaux, il pleut, les gouttes glissent sur les vitres comme du sang transparent sur des corps limpides.
Il voit des grattes ciels, les tours fumantes des usines, tel des cigares verticaux qui crachent le funeste destin des hommes.
Le métro surplombe la ville, la rame vole, emmenant son cortège de gens tristes, prostrés, sales, qui regardent dans le vide et que le vide regarde.
Les nuages enveloppent la cité comme un coussin amorti le corps douloureux d’un malade ; la ville est malade, la ville agonise dans sa fumée, la ville prie.
Il descend,  s’achète un gâteau, curieusement il n’a aucun goût, il n’est même pas mauvais, non, il aurait préféré qu’il le fût, mais il n’a vraiment aucun goût, même pas le moindre parfum, comme dans certains rêves ou les choses physiques sont fades, ont perdu leur saveur.
Il à réussi sa vie pourtant, il est célèbre et reconnu, il est comblé, donc il est logiquement heureux, donc ce gâteau devrait avoir du goût.
Il a tout, une femme et des enfants exceptionnels, sa maison est un bijou, son jardin sur l’océan un paradis.
Puis subitement, transpercé par le passé, il décide d’aller sur la tombe de ses parents. Il traverse la ville, vers les quartiers tristes, gris, il marche dans les rues étroites aux murs rongés, aux murs aigris par la pauvreté, il arrive au cimetière.

Il glisse à travers les petites allées de tombes et d’édifices bien rangés, comme des petites maisons bien reconstituées, avec leur petit jardin à l’entrée, une ville en miniature, comme pour rappeler aux morts qu’ils ont eu pour la plupart une petite vie et qu’ils auront donc une petite mort.
Il arrive à l’allée de la tombe de ses parents, il y a foule, des gens en noir très éprouvés, d’autres à l’air solidaire…d’autres enfin, qui font juste bonne figure mais que l’indifférence a du mal à se cacher derrière leur expression, comme des vautours polis ; et puis il y a cette femme avec un voile noir qui lui cache son visage éploré comme les voiles d’un navire fantôme perdu dans un océan prêt à le faire sombrer.
Il pense alors que c’est l’enterrement de la famille d’une tombe voisine.

Mais subitement un frisson lui perfuse le corps, il reconnait sa famille, ses amis proches et moins proches. Serait-il arrivé un drame, à son insu, comment est ce possible ? mon Dieu ! un des ses fils n’est pas présent, lui serait il arrivé le pire, pourquoi ne l’a-t-on pas prévenu ? mais non heureusement tous ses enfants sont bien là….
Il glisse, il approche, la femme au voile noir est…la sienne! sur la tombe…c’est son nom qui est gravé…
Il crie, il hurle à l’assemblée ! mais non ! je suis vivant, quelle est cette farce ?Quelle est cette mascarade ?...mais personne ne l’entends, c’est comme s’il était muet, c’est comme s’ils étaient sourds.
C’est pour cela que les gens ne le reconnaissaient pas dans la rue, c’est peut être pour cela que les fleurs fanées étaient ressuscitées, tout ce qui meurt, continue sa vie ailleurs ?! c’est peut être pour cela qu’il était sec en sortant de l’eau, c’est sans doute pour cela que la gâteau n’avait aucun goût.
Il crie à nouveau, il hurle encore et encore…mais sans espoir, sa voix passe au travers des corps comme des plumes volent contre un mur et retombent, comme des papillons qui se heurtent à une montagne.
Il hurle sa douleur que l’on ne l’entende pas hurler…

C’est fini, il a compris, il a quitté ce monde, depuis hier ou depuis cette nuit, sans bruit, sans souffrance, sans le vouloir, sans s’en rendre compte.
Il a vécu à grands pas, il a quitté cette vie sur la pointe des pieds.
Le vent s’agite un peu, comme pour balayer le chagrin, une bourrasque dresse une volée de feuilles rouges entre lui et ses proches, comme un rideau en velours pourpre qui scelle la fin d’une pièce de théâtre.
Le public s’éloigne dans la brume et disparaît comme dans un songe,
lui regagne les coulisse.
Il est seul, le soleil se couche, le ciel est rouge, il est assis sur sa tombe ; il grelotte, il a froid et il est tard, mais il a compris, il doit prendre la route d’une nouvelle vie,
Il marche vers là bas, vers le soleil couchant, vers cette colline étrangement belle à l’ouest, cette montagne même, qu’il n’avait jamais remarqué auparavant, car il sait que c’est le bon chemin, il en est certain, c’est là bas qu’il trouvera un peu de réconfort.


Alain Guélis


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